Wonhyo (essence et histoire de l ‘origine du sonmudo) – Épisode 3 – Le désir d’étudier

Busoksa

Wonhyo et son ami Uisang

Wonhyo avait un compagnon spirituel en la personne d’Uisang (625-702). Ils étaient très différents de par leurs origines familiales, leur personnalité, leur façon de pratiquer, ainsi que sur des points considérés comme importants. Cependant chacun d’eux tenait la personnalité et l’érudition de l’autre en haute estime.

Il y a beaucoup d’épisodes dans lesquelles Wonhyo et Uisang apparaissent ensemble. La phrase « Ainsi parlait maître Wonhyo… » apparaît continuellement dans les récits de leurs ferventes études sur le bouddhisme de « la Fleur Ornement »*, et les disciples de Uisang citent fréquemment les paroles de Wonhyo. Lorsque Maitre Uisang fonda le temple de Naksansa on raconte que Wonhyo, peu après, s’y rendit en visite pour y offrir ses prières.

Né dans une famille noble en 625, Maître Uisang renonça à ce monde à l’âge de 19 ans. Il se retira dans le temple de Hwangboksa, à Kyongju, capitale de Silla. En 661, Uisang se rendit en Chine Tang, en quête d’une éducation plus large pendant plus de 10 ans. A son retour, Après avoir construit le temple Pusoksa, Maître Uisang commença à propager le nouveau bouddhisme de la Fleur Ornement (Hwaom, en coréen, Hua-yen, en chinois, Kegon, en japonais), qui engage à mettre les enseignements en pratique plutôt que de s’arrêter à la seule connaissance. Alors que sa philosophie était basée sur le bouddhisme de la Fleur Ornement, Uisang adopta aussi le bouddhisme Avalokitesvara (Kwanum)** ainsi que les doctrines de la Terre pure (surtout sutra 나무아미타불 Namu Amita Bul)***. Dans une société basée sur un système rigide de castes, Uisang mettait l’accent sur l’égalité des êtres humains, et fit tout ce qu’il put pour alléger les souffrances des gens. Lorsque le roi Munmu (règne : 661~-681) offrit de le récompenser en lui donnant des terres et des serviteurs, Uisang refusa poliment, insistant que tous les hommes sont égaux face au dharma et qu’un adepte de Bouddha ne peut pas avoir des serviteurs. L’influence d’Uisang s’étendit bien au-delà de la communauté bouddhiste jusque dans tous les secteurs de la société.

Dans son ouvrage Hwaom Ilsung Popgyedo (diagramme du royaume du dharma du véhicule unifié du bouddhisme de la Fleur Ornement), Uisang a distille l’essence de l’enseignement du bouddhisme de la Fleur Ornement, qu’il enseignait et qu’il mettait en pratique. Il mourut à l’âge de 78 ans, (ce qui est rare pour l’époque) en 702. Cependant, ses dix disciples les plus fervents s’efforcèrent, par la suite, de propager les enseignements du maître. Uisang devint ainsi le fondateur posthume de l’école coréenne du bouddhisme de la Fleur Ornement. Même si Uisang ne s’est pas rendu au Japon, il souleva une adhésion considérable parmi les Bouddhistes japonais. En 1219, fut réalisée une peinture à plusieurs volets, appelée kegon emaki (actuellement à Kozan-ji, à Kyoto). Elle documente les aventures d’Uisang lors de son voyage vers la Chine.

Wonhyo, quant à lui, a eu de nombreux disciples distingués, mais il organisait ses adeptes de manière différente de celle d’Uisang. Au lieu de propager le dharma grâce à une congrégation bien organisée, Wonhyo choisit de s’investir directement auprès du public. Afin de semer les germes du bouddhisme dans les cœurs des gens, il visita d’innombrables hameaux et villages à travers tout le pays. A l’inverse, Uisang restait dans sa demeure, au mont Taebaek et concentrait ses efforts à la formation de ses disciples. Wonhyo montra son intérêt pour d’autres sciences ou encore pour les sciences médicales. Uisang, quant à lui, ne s’aventura jamais en dehors du bouddhisme. Il maintenait l’apparence d’un pratiquant strict, alors que Wonhyo parcourait les rues comme les gens ordinaires. Malgré leurs origines et leur approche de la vie très différentes, Wonhyo et Uisang avaient pratiquement le même désir de suivre le sentier spirituel et d’illuminer les esprits des gens du dharma de Bouddha. Ces deux hommes
Représentent des archétypes contrastés des pionniers intellectuels de l’ancienne Corée. L’un dédia sa vie entière aux études sérieuses, l’autre s’intéressa au monde de tous les jours et pratiqua la « Grande Compassion ». Tous deux, cependant, étaient engagés dans un effort continu pour ouvrir les portes de l’esprit des hommes.

*L’Avataṃsaka sutra, le Sutra de l’ornementation fleurie ou Soutra occupe une place très importante dans le bouddhisme mahayana. Très long, il décrit le cheminement vers l’illumination.

**Bodhisatva (Posal en coréen) est un mot sanscrit qui signifie « un être illuminé » il se dit de quelqu’un qui a atteint un stade avancé dans l’illumination, mais qui a remis à plus tard son entrée dans le nirvana éternel dans le but de guider les autres vers le salut.

Avalokitesvara (Kwanum en coréen) est le bodhisattva de la compassion et le plus largement vénéré parmi tous les bodhisattvas. On dit qu’il possède mille bras et mille yeux afin de voir tous ceux qui l’appellent à leur aide pour les sauver du désastre.

*** La Terre Pure est une école de bouddhisme qui met l’accent sur le Bouddha Amitabha que l’on pense présider sur la Terre Pure. Ses adeptes croient que chanter dans cette vie le nom d’Amitabha Bouddha, les conduira à la renaissance dans la Terre Pure, ou, en d’autres termes, leur permettra d’échapper à la samsara, cycle sans fin de naissances et de morts. La simplicité de cette forme de pratique a largement contribué à sa popularité dans toute l’Asie Orientale.

…à suivre… boire l’eau dans un crâne …🤗

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